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Maïs Jean-Paul Renoux (Arvalis-Institut du végétal) : « Espérer 100 mm de pluie en juin pour des rendements historiques »

Des conditions de semis exceptionnelles ont permis aux producteurs de maïs de valider leur savoir-faire, en conditions sèches, acquis sur les trois dernières campagnes. Jean-Paul Renoux, d’Arvalis-Institut du végétal, évoque un tir groupé des semis et des levées rapides qui donnent des cultures, ayant 10 à 15 jours d’avance, sans réel décalage entre les régions ni entre grain et fourrage. Le mois de juin, décisif quant aux précipitations, pourrait faire basculer le rendement national du tout au tout.

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Les maïsiculteurs des zones sous contraintes optent pour les
meilleures variétés. Le turn over pour une variété de maïs
ne dépasse pas les trois ans. (© Terre-net Média)

Les producteurs de maïs doivent s’habituer aux semis en conditions sèches et apparemment ils l’ont bien compris. Jean-Paul Renoux, responsable national maïs d’Arvalis-Institut du végétal, se dit impressionné du fait qu’ « en trois ans, les agriculteurs ont fait leur révolution et maîtrisent aujourd’hui parfaitement la technique du semis précoce ».

Il évoque donc des semis de maïs précoces et très groupés. Commencés début avril, au lieu des deux vagues habituelles, les chantiers se sont déroulés sans interruption jusqu’à début mai. « Les modalités du semis en conditions sèches ont été bien respectées : préparations rapides, sols rappuyés limitant les risques de dessèchement, semis plus profonds. » Il ajoute que « sans la perspective d’un été sec, on serait en situation de potentiel maximum de rendement ».

Potentiel intact

Semis précoces, levées très rapides en 8 à 10 jours, puis conditions poussantes, ont avancé les stades phénologiques des plantes de 10 à 15 jours. « Au 19 mai, témoigne Jean-Paul Renoux, les plantes ont atteint le stade 7 feuilles, de 2 à 11 feuilles selon les cas, sans décalage de stades entre Nord et Sud, ni entre grain et fourrage. » Jusqu’à 10 feuilles, le potentiel du maïs n’est pas entamé. « La sécheresse ne ralentit pas la progression et les peuplements sont bons. Les gabarits devraient par contre rester très compacts, sans biomasse intempestive. »


La plasticulture revient en Bretagne centre
pour des semis précoces dès mars, sur 10-
15.000 ha, signe d’une volonté de sécuriser
son rendement, son stock fourrager. Au prix
des céréales, l’éleveur ne peut pas tomber
en panne à mi-lactation. (© Terre-net Média)

Quant à l’irrigation, la forte précocité de l’implantation joue en faveur des maïs. « Celle-ci permettrait une esquive quasi-généralisée grâce à des floraisons prévues plutôt début juillet. » La bataille de l’irrigation va donc avoir lieu en juillet voire en juin, ce qui pourrait faciliter les discussions avec les préfets, du fait d’une moindre concurrence avec les autres usages.

Maïs fourrage en dérobé

Côté fourrages, le maintien des surfaces indique que les éleveurs n’ont pas anticipé la situation pour sécuriser suffisamment leur stock. Les transferts du maïs grain vers le maïs fourrage pourront aider le cas échéant. « En cas d’été moyen, cela pourrait concerner 50.000 ha. » La pousse de l’herbe, supérieure à 2010, reste inférieure de 30 à 50 % à la normale. Jean-Paul Renoux estime que « l’avance de stades prise par les maïs pourrait faciliter la soudure et permettre de tenter des maïs fourrages en dérobé derrière les pois ou les céréales. »Des conditions favorables fin mai-début juin pourraient inciter des agriculteurs à se lancer dès le 15 juin. Cette option intéressera surtout les zones où il pleut l’été, soit un potentiel de 50.000 ha en Bretagne et en Normandie.

Au pire, une baisse de 10 q/ha au niveau national

Pour la suite, Jean-Paul Renoux estime que « l’idéal serait d’avoir 100 mm au mois de juin. Vu les conditions d’implantation, la campagne atteindrait un niveau historique. Le maïs supporte un mois de mai sans pluie. Ensuite, une stratégie à quatre tours d’eau peut suffire si elle démarre début juin. »

Le maïs conduit en pluvial couvre 2,3 millions d’hectares. « 300.000 ha de maïs se trouvent en situation très exposée mais le rendement n’y descendra pas en-dessous des 50 q/ha. 400.000 ha se situent en zone pluviale en sols très profonds et ne donnent jamais moins de 100 q/ha. Un million d’hectares n’ont pas de problèmes d’irrigation. Le reste de la sole se trouve en situation à risque mais ne devrait pas trop mal s’en sortir. Dans le pire des cas, le rendement moyen national pourrait baisser de 10 q/ha pour atteindre 80-85 q/ha. »

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